AOUT 2022 ResMusica
Michelle Tosi

MICHELLE TOSI dans ResMusica


Par Eric Broitman toujours, Suite marine de Sarah Clénet est une co-commande de Futura et du Conservatoire de Dunkerque. La compositrice y tisse une trame voyageuse alternant témoignages de marins (et femmes de marins), souffle du grand large et commentaires instrumentaux, le tout articulé avec beaucoup de sensibilité, entre poésie et nostalgie.

https://www.resmusica.com/2022/09/01/1992-2022-laventure-futura

Christian Zanési, Electrain de nuit, France Musique, Février 2012 

        « On va terminer cette partie concert par une pièce en création qui s’appelle Vertiges en entonnoir et que l’on doit à Sarah Clénet, jeune compositrice, elle a trente cinq ans, elle est contrebassiste, elle travaille déjà beaucoup dans toutes sortes de secteur. Et ce qui m’a frappé, c’est vrai que je me dis que la génération des trentenaires aujourd’hui, ils ne s’embarrassent plus beaucoup d’aucune sorte de préjugés,  ça m’est revenue en écoutant cette pièce, quand on pense à la guerre qui a opposé des Pierre Schaeffer et des Luc Ferrari sur Hétérozygote parce qu’il avait mis de l’anecdotique dans la musique. Là, on va se rendre compte dans Vertiges en entonnoir, qui est une pièce qui travaille sur le thème du transvasement, du trop plein, de l’évacuation impossible. La compositrice a travaillé à la fois en enregistrant des sons musicaux des sons de billes, des sons de plomberie, et puis en interviewant des personnes autour de cette idée du trop plein de l’impossible. Cette pièce est d’une liberté totale parce qu’on entend des voix, on entend des sons transformés, et on se rend compte que toutes ces guerres-là sont complètement dépassés et ce qui compte maintenant c’est cette sorte de création libre, musicale, et qui en fait exprime magnifiquement l’idée qu’elle veut nous traduire c’est à dire cette idée de trop plein qui est une belle idée musicale. » Christian Zanési, Electrain de nuit, France Musique, Février 2012 

 

FATRASSONS

Plus près de l'entrée que de la sortie, Petit Label 

IMPRO Jazz Mag, 

Luc Bouquet// juin 2020

Nos sorcières préférées (Sarah Clénet, Rosa Parlato) sont de retour. Troublantes, jamais exubérantes, elles saisissent la note, la malaxent et n’ont pas besoin de longs phrasés pour convaincre. Le bourdon de la contrebasse et le souffle quasi continu de la flûte aménagent de suaves territoires, opèrent de l’intérieur une intimité partagée, frôlant et chuchotant de mystérieuses mélopées, ancestrales, oubliées.  Ce sont précisément ces minutes d’abandon et de contemplation qui nous touchent le plus (dans une Thonet). Beaucoup plus que quelque virée en pépinière affolée (sous le plafonnier éteint). Heureusement, cette sensation d’aurore fertile et de plénitude ressurgit très vite (le long de la bibliothèquedevant un miroir) et s’engage maintenant une recherche de teintes inédites, singulières. Ainsi, entre recherche sonique et jeux complices, Fatrassons intensifie magnifiquement cette « musique de salon ». A l’heure du cochon de virus, l’invitation ne pouvait pas mieux tomber. Encore une réussite de plus à mettre à l’actif du petit label.

https://sites.google.com/site/improjazzmag/home/chro202006?fbclid=IwAR0zlaI0GUAHdNNti2oaUcYiKuGWKaKb7IKpmnaGMIpB7ie-cUxrO6pcLZM

 

 

 

 

 

 

 

 

Revue et corrigée, n°122

Michel STAWICKI 

// décembre 2019 

Deuxième album du duo Fatrassons, enregistré en 2016 au Centre de création musicale d’Art Zoyd à Valenciennes. 

À la contrebasse de Sarah Clénet et aux flûtes de Rosa Parlato viennent s’ajouter pour chacune d’elles voix, objets et électronique. Les deux musiciennes se lancent à corps perdus dans cette suite d’improvisations impressionnistes. Au sein de ce « fatras sonore » mêlant matières acoustique et électronique, ça cherche, ça fouille, ça fulmine, ça creuse, ça brouille les pistes, ça se révèle – jusqu’à atteindre des fulgu- rances expressives, voire provoquer des hallucinations auditives. Ici, on peut vrai- ment parler de musique vivante tant souffles, cordes, voix et leur transformation en temps réel (ajouts d’objets, accumulations, boucles, distorsions) s’entremêlent, se bousculent, s’associent pour tenter de faire apparaître de nouveaux espaces sonores. Et ils apparaissent, dans toute leur splendeur, leur bizarrerie, leur étrangeté : ça vibre dans la plénitude d’une dimension intérieure. Et si la musique est libre sur le plan esthétique, elle ne fait pas l’économie du parcours musical de chacune des musiciennes : musiques baroque, contemporaine, concrète, électronique, folklorique, l’ensemble étant au service de la multiplicité des expressions, du fourmillement des idées. Ici ou là, on peut penser à Joëlle Léandre, Maggie Nicols ou Sibylle Pomorin, mais c’est une question de références. Reste que la musique de Fatrassons est une ode à l’audace et à la liberté. 

Michel STAWICKI 

ORYNX blog

Jean-Michel Van Schouwburg     

// septembre 2019

Enregistré par des musiciennes sensibles avec une solide formation musicale et une volonté de créer un univers sonore alternatif mettant en évidence leur sensibilité intérieure au niveau du travail instrumental et sens de la construction musicale qui tient la route tout au long de notre écoute. Fatrassons réunit la contrebassiste Sarah Clénet et la flûtiste Rosa Parlato qui sont ici créditées voix, objets et électronique en sus de leurs instruments respectifs. Non seulement j’ai beaucoup d’estime pour le label Le Petit Label et ses pochettes cartonnées et colorées qui semblent être fait main à l’instar de l’artisanat de survie de la musique improvisée. Des effets électroniques bienvenus nous font entendre la flûte multipliée et fragmentée « dans une Thonet 209 » sur une note tenue, vacillante, tremblante introduisant des échos de silence inquiétant des notes éparses. La maîtrise et le jeu de la flûtiste est tout à fait remarquable et je peux que me trouver heureux d’entendre son talent au service de la vie des sons, des effets instrumentaux mettre en évidence l’expressivité du silence mêlant vocalité, quasi – immobilisme presque minimal et inflexions énergétiques. La répétition obsessive d’un motif s’envole dans un éclatement furtif des sons. Comme les titres l’indiquent, il y a une attitude décontractée, et une inventivité au travers d’une utilisation de l’électronique raffinée, discrète mais diablement efficace pour manipuler / déformer le son acoustique de manière créative, suggestive et attirante. Au fil des plages on découvre un remarquable univers sonore qui ne se résume pas à une formule trop bien définie, mais cherche à étendre des ramifications diversifiées au travers d’approches différentes. Bref, on ne s’ennuie pas. De nouvelles idées viennent poindre, compléter, remettre en question, étendre ce qui a déjà été joué, entendu, assimilé, recyclé de manière à la fois poétique et méthodique avec un parti pris d’ouverture face à ce qu’il advient tout au long de la séance comme ces exclamations vocales intégrées au jeu instrumental. Le jeu du plaisir et de la découverte. 

Jean-Michel Van Schouwburg       chronique sur ORYNX blog.

https://orynx-improvandsounds.blogspot.com/2019/09/axel-dorner-dominic-lash-roger-turner.html?fbclid=IwAR263aOgb8smdDyYnA8qB7n7P408EdkpMQR90pMfkt6vLIzxs-UVS-qhJe8

VOLETS OUVERTS  Petit label

 

CITIZEN JAZZ

chronique de Denis Desassis // Publié le 21 septembre 2015

On entre dans ce disque un peu comme par effraction. A la façon d’un promeneur qui pousserait la porte d’une grille rouillée et grinçante avant d’apercevoir, là-bas, au bout d’une allée à défricher, une vieille demeure peut-être à l’abandon. Que faire ? Repartir en se disant qu’on n’est pas chez soi ? Ou bien, piqué par la curiosité, aller un peu plus loin et ouvrir d’autres portes car une multitude objets poussiéreux ne manqueront pas de raconter leurs histoires ? Sans oublier ce petit frisson de l’inconnu auquel il est si difficile de résister.

Sarah Clenet et Rosa Parlato, unies dans un duo appelé Fatrassons, sont les hôtesses singulières d’une habitation qui ne l’est pas moins et dont elles ont souhaité laisser les Volets ouverts. Toutes deux sont des musiciennes actives sur la scène contemporaine et acousmatique du nord de la France, à Lille en particulier : si la première est contrebassiste et la seconde flûtiste, elles laissent ici se faufiler leurs voix, ainsi qu’une multitude de sons électroniques et différents objets à l’identité non révélée, au cœur de l’univers bruitiste et poétique qu’elles inventent, comme d’autres peindraient un tableau non figuratif. Par petites touches projetées, tout en suggestion : celles d’une corde, frottée, pincée, frappée, qui grince ou gronde ; celle encore d’une flûte qui frissonne dans un souffle assourdi, ou au contraire virevolte comme un oiseau ; ou bien celle d’une vocalise habitée d’un brin de folie passagère (évocation d’une ancêtre un brin dérangée ?), d’une voix métallique nasillant dans un tuyau ou l’embouchure d’un instrument à vent.

Fatrassons porte bien son nom. Voilà une formation s’exprimant dans un idiome presque dépourvu de notes au sens le plus musical du terme : on y entend très peu de mélodies, et lorsqu’une d’entre elles vient à surgir elle est minimaliste, en suspension. Car Volets ouverts est aussi et surtout un disque qui se singularise par sa faculté d’assembler des objets sonores disparates pour composer tout un cabinet de curiosités. Comme s’il s’agissait d’ouvrir une malle aux trésors sans y être autorisé, de regarder par le trou de la serrure, de déloger un petit animal en poussant la porte d’un grenier, ou de provoquer l’envol d’une nuée de piafs en ouvrant un volet. À moins que l’intrusion du visiteur n’ait dérangé quelque esprit en maraude dans l’une ou l’autre pièce. C’est un disque pour curieux, une proposition de découverte pour les amoureux de toutes ces petites choses qu’on a souvent sous la main et qu’on ne voit pas toujours. Fatrassons ou la vie cachée des objets qu’on croit inanimés.

Pour ce disque, le Petit Label a mis de la couleur sur son traditionnel cartonnage : la façade de la maison est bleue, ses volets noirs sont fermés au recto et ouverts au verso, laissant deviner une lumière intérieure symbole de vie. Les quinze fenêtres (une par composition-exploration) sont toutes identiques… à l’exception d’une seule, qui montre un œil (le nôtre ?) qui observe, comme une invitation à en savoir un peu plus.

On notera la singularité de la quinzième et ultime fenêtre, dont l’esthétique étale et le parti-pris de distanciation ne sont pas sans évoquer les codes du groupe Art Zoyd, dans le studio duquel ce disque a été enregistré à Valenciennes. Le chant doux et lancinant de la contrebasse jouée à l’archet tisse une toile où vient se poser la voix disant un texte bilingue, comme une prière, d’abord en italien puis en français. Il est question d’un homme, une sorte de funambule, qui marche sur un fil, les toits, les nuages, les autoroutes, l’eau, les touches, les cordes ou l’horizon. On n’en saura pas plus… Bruits de clochettes, tic-tac d’un réveil, le rêve s’évanouit.

Sarah Clenet et Rosa Parlato ont eu raison de laisser leur maison entrouverte et d’en dévoiler sans tapage les charmes à la fois mystérieux et attirants. Leur musique-bruit captive, intrigue et ne s’en laisse pas conter. Elle est un conte à elle seule.

par Denis Desassis // Publié le 21 septembre 2015

https://www.citizenjazz.com/Fatrassons.html

 

 

 

 

 

 

MUSICOLOGIE.ORG

chronique d'Alain Lambert // 24 septembre 2016  

 

Dans la collection à dominante bleue du petit label consacrée aux recherches sonores, une nouvelle pochette signée Hélène Balcer, neuf volets fermés dont un est ouvert avec un œil immense et lumineux. En fait il y a quinze volets, et chaque fois que l'un s'entrouvre, plus ou moins brièvement, une musique s'échappe à travers le silence.

Fatrassons, deux musiciennes de la région lilloise, une contrebassiste, Sarah Clénet, et une flûtiste qui joue aussi du mélodica, toutes deux ajoutant divers bruits d'objets, de voix, ou électroniques...  Un univers plutôt bruitiste, minimaliste, des sons syncopés, soufflés, raclés, vocalisés, scattés, frottés, crachés avec parfois, sur les vagues ondulées, une longue phrase flûtée, comme dans le septième volet.

Entre jazz très improvisé et musique presque concrète, les volets s'ouvrent et se referment les uns après les autres et chaque fenêtre éclairée est une surprise renouvelée. La quinzième ouverture, la plus longue, laisse advenir le langage, lointainement, après les « ho hisse » précédents, sur fond d'archet électro nuageux et de sonnailles. On peut écouter des extraits de ce joli disque sur le site du Petit Label. 

Alain Lambert 24 septembre 2016  

https://www.musicologie.org/15/fatrassons_volets_ouverts.html

FRANCE MUSIQUE

ELECTROMANIA, chronique de Christian Zanési//Novembre 2012 

 

« J’ai reçu la dernière livraison d’un nouveau duo intitulé Fatrassons avec Sarah Clénet et Rosa Parlato. Sarah Clénet est une contrebassiste et une compositrice, l’an dernier on a crée ici l’une de ses œuvres, et Rosa Parlato, italienne et flûtiste et compositrice aussi, je sais qu’elle travaille l’électroacoustique dans le Studio d’Art Zoyd en ce moment. Alors on va entendre une musique très libre, il y a une joie du son et il y a surtout une grande maîtrise de l’improvisation parce que nous avons à faire à deux compositrices et deux instrumentistes à la fois. » 

         

         

 

Francis Marmande, 
Le Monde 2005

Le galbe des contrebasses

 

Lundi 3 octobre 2005 : Benjamin Montigny, 22 ans, voyage dans le Vierzon-Bourges. Le contrôleur aussi. Accompagné d'une musicienne, Benjamin Montigny occupe un compartiment vide. Ils en profitent pour y installer leurs deux contrebasses. Les contrebasses sont fragiles comme des fleurs de serre. Le contrôleur ne voit pas les choses de cette casquette. Il exige 45 euros par contrebasse et 26 euros de frais de dossier pour chaque instrument. Total : 142 euros.

Les deux artistes parlementent. Le contrôleur réglemente : "Vous devez avoir reçu une bien mauvaise éducation pour prendre le train avec un instrument de cette taille." En gare de Bourges, la SNCF oriente les musiciens vers le service client. Passant sous le slogan : "A nous de vous faire préférer le train", ils se dirigent vers le service. L'anecdote court sur Internet, fait escale sur le portail de la contrebasse en France (www.contrebasse.com), se gare enfin dans une dépêche de l'AFP datée du 7 octobre, 18 h 24. Ce qui déclenche toutes sortes de réactions, pétitions, confessions, qui montrent, c'est nouveau, que nombre de contrebassistes se font désormais tracasser par des contrôleurs bassophobes. L'ABCDF (Association des bassistes et contrebassistes de France) s'en mêle. Et, là, des musiciens de renom (Jean Bardy, Patrice Caratini, Tony Bonfils, Jean-Paul Céléa) lâchent le morceau. Ça n'a jamais été facile de voyager avec une contrebasse. Du moins n'était-ce ni réprouvé ni condamnable. Cela devient impossible.

Les deux belles en épicéa du Vierzon-Bourges, pudiquement vêtues d'une housse en Skaï noir, ne montraient pourtant ni mollets, ni nombril, ni bas résille. Elles ne bronchaient pas, ne bigophonaient pas, n'infligeaient pas les grésillements obsédants de leurs oreillettes. Du point de vue quelque peu sommaire mais efficace du psychanalyste, la contrebasse a le corps de "maman" et la voix de "papa". Les épaules, les hanches, la taille, les ouïes, le galbe d'une contrebasse n'échappent à personne. L'instrument peut atteindre 2 mètres. Tout dépend de l'alimentation dans l'enfance. Appliquée sur la cuisse gauche, effleurant ou comprimant le sexe de l'instrumentiste, bombant le dos vers son buste, la contrebasse transmet au corps qui l'étreint les vibrations et les percussions de tous les instruments de l'orchestre. On ne perçoit pas d'abord ses sons par l'oreille, mais par le ventre.

Nombre de contrôleurs n'entendent pas les graves. Certaines oreilles sont plus sensibles aux aigus, la plupart aux médiums : les fréquences graves ne sont vraiment audibles que par des êtres humains qui deviennent le plus souvent contrebassistes. Par mépris, aux commencements des orchestres symphoniques, on casait au violon les excellentes feuilles ; à l'alto, les moins douées ; au violoncelle, les justesses hésitantes ; et les cancres, à la contrebasse. En fin de répétition, les contrebassistes balayaient la salle.

Il faudra attendre les musiciens afro-américains du XXe siècle pour activer de haute lutte leur émancipation. En matière d'oppression, ils s'y connaissaient. Les hommes noirs, dans le Sud, étaient interdits de voix grave : ainsi à Montgomery (Alabama), où Madame Rosa Parks sonna la revendication des droits civiques. Les instruments de musique choisissent leur musicien sans la moindre erreur. Les contrebasses élisent des filles inventives, drôles, généreuses (Joëlle Léandre, Hélène Labarrière, Sarah Clénet). Les contrebasses s'entichent de types doux, indifférents au pouvoir dans l'orchestre, un peu féminins, très attentifs.Tout musicien conséquent s'est fait voler sa contrebasse au moins une fois. Voir à ce sujet Pour l'Amour d'un Stradivarius , de Pierre Amoyal (Robert Laffont, 2004) : l'effondrement d'organes, la liquéfaction intérieure, le ravage du corps au vol de l'instrument sont très cliniquement détaillés. Bien entendu, Amoyal parle d'un violon, une œuvre illustre du luthier de Crémone, le "Kochanski" de 1717. Mais il n'est pas d'instruments médiocres, il en est de sublimes. Tout instrument a valeur de trésor. Toujours voyager avec un harmonica de poche, on ne sait jamais (garde à vue, hôpital psychiatrique, séquestration). Les contrebasses, comme les Stradivarius, ne disparaissent jamais : elles changent d'espace-temps, filent dans la quatrième dimension ou dégringolent en un trou noir. Elles se barrent : exactement comme les chaussettes dans la machine. Sinon, comment expliquer - expérience partagée par tous que, de tant de lessives, ne revient qu'une orpheline de la paire ? Comment ?

Visionnaire, Hitchcock – voir son apparition dans L'Inconnu du Nord- Express – descend difficilement d'un train avec sa contrebasse. Deux corpulences mal éduquées. En gare d'Angoulême, voici quinze ans, le soliste Dave Holland attend son dur. Sa précieuse contrebasse repose nonchalamment allongée à ses pieds. Passe un TGV à vitesse réduite, mais tout de même. Le convoi crée une aspiration où décolle, s'engouffre, tangue, roule, le soudain très léger instrument aux épaules fragiles : il s'écrase sur les voies dans un fracas d'os de poulet broyés par un berger allemand.

Les trains s'en prenaient aux contrebasses, mais pas les contrôleurs. Aux Antilles, on nomme affectueusement l'imposant instrument, la maman- cochon. 

Francis Marmande

https://www.lemonde.fr/idees/article/2005/10/26/le-galbe-des-contrebasses-par-francis-marmande_703504_3232.html

 

Contenus © 2020 par Sarah Clénet

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